Phytoépuration
: Créer un filtre planté
05.12.08 23:54
Dans
sa magie de cycles, de cercles, de tourbillons
la nature
dévoile des délices de ce qui étaient nos
déchets, pour elle nos poisons se révèlent
être de véritables richesses
C'est le cas des 150 litres d'eaux usées que nous produisons
chaque jour, riches en nutriments, ils font le bonheur de certaines
plantes des marais, roseaux, massettes, scirpes, saules, iris
et des micro-organismes qui habitent leurs racines. De nombreux
processus naturels sont capables d'épurer l'eau lorsqu'elle
coule dans une zone humide, en suivant un cycle de décomposition
des matières organiques aboutissant à sa minéralisation
puis à sa réabsorption par les plantes. Ainsi rivières,
fleuves, lacs, ruisseaux, marais, mares, étang, tourbières,
prairies humides, vallées inondable, lagunes, mangroves
les zones humides en général peuvent jouer un rôle
important d'assainissement naturel.
La phytoépuration est née en s'inspirant de ces
zones humides, et en remplaçant les procédés
physico-chimiques d'assainissements traditionnels par un mode
d'épuration naturels proche de ces écosystèmes.
Aussi appelé phytofiltration, ou encore phytorestauation,
phytoremédiation, phytostabilisation, rhizofiltration,
bioremédiation, bioturbation ou plus simplement lagunage,
marais filtrant ou filtre planté
Ce système
d'épuration économe en énergie et en maintenance
permet d'améliorer la qualité des eaux polluées,
comme les eaux de ruissellement, les eaux usées domestiques,
agricoles, industrielles, lixiviats de décharge, rejets
pétroliers et miniers. Grâce à ce procédé
d'assainissement, l'eau est rejetée à un niveau
de qualité "eau de baignade".
Les procédés traditionnels d'assainissements utilisent
des moyens physiques (décantation, flottation, filtres
et membranes), des produits chimiques, notamment des coagulants
(chlorure ferrique, sulfate d'aluminium
), des floculants,
et parfois des désinfectant comme le chlore ou l'ozone
pour éliminer les germes pathogènes.
Ces procédés sont non seulement coûteux, énergétivores
et parfois polluants, mais produisent à leur tour des sous-produits
: déchets grossiers, sables et boues devant être
dépolluées, décantées, stabilisées
et traitées
Le traitement des eaux usées par filtre planté peut
se faire à toutes les échelles, à celle d'une
ville comme celle d'un foyer. Des villes comme New York, Munich,
Suzhou, Fuyang ou Calcutta utilisent ces systèmes alternatifs.
En France, ils ont été mis en place à Honfleur,
Caen, Grandville, Rochefort, Bègles
Les filtres plantés peuvent être utilisés
comme traitement autonome, ou bien peuvent prendre part à
une série de procédés de traitement complexe.
Une des applications les plus fréquentes, celle que nous
développons ici est le traitement secondaire des effluents
des eaux usées domestiques. Ce système économe
en énergie, en infrastructure et en maintenance est généralement
fiable, s'auto adaptant, pourtant il ne sera réellement
efficace que s'il est soigneusement conçu, construit, exploité
et entretenu.
Les types de filtre
planté
Un filtre planté forme un écosystème complexe,
intégrant de l'eau, des plantes, des animaux, des micro-organismes
et leur substrat. Ils agissent en transition entre la terre et
l'eau. Au sein des zones humides, les limites entre la terre ferme
et les eaux profondes sont mal définis, indistinctes ;
les conditions hydrologiques fluctuent, le substrat peut-être
saturé au cours de longues périodes, s'appauvrissant
en oxygène et limitant son peuplement végétal
aux seules espèces adaptées à ce manque d'oxygène.
Par ailleurs, le flux très lent de l'eau circulant dans
ces écosystèmes permet un contact prolongé
avec la masse complexe de matières organiques et inorganiques,
favorisant ainsi les échanges avec la communauté
de micro-organismes qui décomposent ou transforment une
multitude de substances.
Ce monde complexe du filtre fonctionne par une série d'interaction
physique, chimique et biologique comme la filtration, la sédimentation,
l'absorption, la dissolution
ce traitement est reconnu pour
son efficacité de traitement des demandes biochimiques
en oxygène (DBO5) et des solide en suspension, dont 60
à 90% disparaissent. Le traitement de l'azote et de l'ammoniac
par nitrification varie suivant le système utilisé,
le traitement du phosphore est plus limité, car il se fait
par simple accumulation dans le sol. Enfin le nombre de virus
et de bactérie pathogène est grandement diminué
par ce type de traitement, en particulier grâce à
l'activité antibiotique des racines et la prédation
des micro-organismes présents dans le filtre.
Les filtres plantés
peuvent prendre plusieurs configurations différentes: Sous
forme de lagunage, où l'eau forme un flux en surface, ou
bien sous forme de percolateur où le flux d'eau circule
en souterrain, enfin par un système hybride qui travaille
en surface et en souterrain. Les filtres plantés peuvent
également être combinés avec des technologies
de traitement conventionnelles.
Les bassins de lagunage
ou filtre à flux de surface se présente comme un
bassin ou un fossé étanche et planté, où
l'eau circule avec une très faible profondeur. La surface
de l'eau est à l'air libre, au-dessus du substrat. Ce système
ressemble beaucoup aux zones humides naturelles comme les marais
et peuvent fournir des habitats fauniques et des avantages esthétiques
en plus du traitement de l'eau. La filtration proche de la surface
se fait en aérobie tandis que les eaux plus profondes et
le substrat travaillent généralement en anaérobie.
Les avantages de ce type de filtre sont dans leurs faibles coûts
de construction et d'exploitation et la simplicité de maintenance.
Leur principal inconvénient est dans le besoin d'une plus
grande surface que les autres systèmes.
Les systèmes de
percolation ou de filtration souterrain sont conçus sous
forme de bassins fermés et étanches remplis de substrat
poreux, de terre, de roche ou de gravier, saturé en partie.
Le niveau d'eau demeure au-dessous de la surface du substrat.
Dans la plupart des systèmes, la voie d'écoulement
est horizontale, bien que certains systèmes utilisent un
flux vertical. En raison des contraintes hydrauliques imposées
par le substrat, ces systèmes sont les mieux adaptés
aux eaux usées ayant une teneur relativement faible en
solides et avec des concentrations d'écoulement relativement
uniforme. Les avantages de ces filtres sont dans leur tolérance
au froid, leur protection des parasites et la réduction
des problèmes olfactifs. Le milieu poreux offre une plus
grande surface de contact ainsi le traitement est plus rapide
et utilise moins de surface que le premier système. Les
inconvénients sont dans les possibles problèmes
d'engorgement et dans leur coût de construction et d'entretien
plus important.
Les systèmes hybrides
mettent en place une séquence avec différentes cellules
conçues pour différents types de réactions,
avec les deux systèmes précédents. Cela permet
aussi un traitement plus efficace.
Implantation du filtre
La conception générale d'un filtre planté
tente d'imiter la structure globale des zones humides naturelles.
La conception doit être simple, demandant un minimum d'entretien,
de technologie et d'énergie, par exemple : l'écoulement
gravitaire est préférable aux pompes de relevage
Une approche technologique complexe conduit souvent à l'échec.
Le filtre doit être configuré pour répondre
aux besoins des eaux usées, son dimensionnement doit être
calculé en prévision des extrêmes météorologiques
et climatiques (et non des moyennes). Les tempêtes, les
inondations et les sécheresses sont à prévoir
et non à craindre. De même l'ensemble du système
doit se fondre dans le paysage, et non contre lui, en prenant
avantage des caractéristiques naturelles du site, sa géographie,
sa géologie, sa topographie, et en minimisant les perturbations.
Enfin comme organisme vivant, ces systèmes demandent du
temps pour se mettre en place et devenir fonctionnels, plusieurs
années peuvent s'écouler avant que leurs performances
atteignent des niveaux optimaux. Les stratégies qui tentent
d'accélérer ou de court-circuiter le processus de
développement naturel du système réussissent
rarement.
Chaque site est unique
et la conception d'un système de filtre planté est
spécifique pour chaque site. La phase de planification
consiste à définir la quantité et la qualité
des eaux usées à traiter, à vérifier
les normes de qualité à respecter, à choisir
le site, à sélectionner le type de système,
de configuration et sa superficie requise, à choisir la
végétation et à préciser les critères
de conception à respecter par l'ingénierie détaillée
du projet.
La hiérarchisation des priorités et des objectifs
du système de filtre est la clé de la création
d'un système performant. Les caractéristiques des
zones humides naturelles locales devraient être utilisées
comme un modèle pour la construction du filtre, leur fonctionnement
doit être imité, mais aussi modifié et adapté
pour répondre aux besoins du projet et aux spécificités
du milieu humide.
Les dessins trop réguliers sont rarement adaptés
à ces systèmes (bassins rectangulaires, structures
rigides, canaux, et morphologie orthogonale), de plus les angles
droits ont tendance à ralentir les flux et à recevoir
de l'eau stagnante. Il s'agit au contraire d'imiter les systèmes
naturels, le nombre de cellules dépend de la topographie,
l'hydrologie et la qualité de l'eau. Sur un terrain plat,
les cellules peuvent être créés avec des digues.
Sur les sites en pente, les cellules peuvent être en terrasse
pour réduire l'importance des mouvements de terre, des
terrassements nécessaires et augmenter la qualité
visuelle du site. Les terres excavées peuvent créer
des reliefs sur le paysage existant. Les bassins et les chenaux
peuvent être courbés pour suivre la topographie naturelle
du site. Différents types de végétation peuvent
être plantés à l'intérieur et autour
des filtres afin de réduire l'érosion, former des
écrans visuels, définir l'espace, contrôler
le microclimat. La planification doit être orientée
vers la création d'un système biologique et hydrologique
fonctionnel. La possibilité d'expansion future de l'opération
doit être pris en considération. Le projet doit prévoir
un plan d'urgence au cas où le système n'atteint
les performances attendues. Enfin, si nécessaire le projet
doit être soumis et approuvés par les autorités
compétentes.
Le choix du site dépend
des accès, la disponibilité des terres, de la topographie,
des sols, des ressources environnementales, et des nuisances possibles
sur les voisins. Le site devrait être situé le plus
près possible de l'évacuation des eaux usées,
et le long d'une pente afin que l'eau puisse s'écouler
en système gravitaire. Si un filtre planté peut
être construit sur presque n'importe quel site, les coûts
de construction deviennent prohibitifs si de vaste de terrassement
sont nécessaires.
L'efficacité d'un filtre planté pour le traitement
des eaux usées ou des eaux pluviales est liée au
temps de rétention de l'eau dans la zone humide. Le site
choisi doit être de taille suffisante pour répondre
aux exigences actuelles et de l'extension future. Les sols doivent
être suffisamment compact pour
minimiser l'infiltration des eaux souterraines et doivent se trouver
au-dessus de la nappe phréatique et des plaines inondables.
Les éventuelles inondations, le niveau d'eau extrême
des ruisseaux et la profondeur des nappes phréatiques sont
à considérer pour éviter les problèmes
de drainage du système lorsque l'eau s'évacue dans
le milieu naturel.
Il faut aussi s'assurer que le site ne contienne pas de ressource
environnementale importante, d'espèces menacées
ou en voie d'extinction et qu'il n'ait pas de caractère
archéologique ou historique. Si les odeurs ou les insectes
peuvent être un problème, la zone humide doit être
placé aussi loin que possible des habitations. Enfin le
site doit être accessible au personnel, aux véhicules
de livraison pour la construction et l'entretien.
L'utilisation actuelle et future et la valeur des terres voisines
peuvent également affecter l'aptitude d'un site pour un
milieu humide. Les avis des habitants du quartier et les groupes
d'intérêt public doivent être pris en considération.
Le filtre ne doit pas être placé en bordure de propriété,
une grande zone tampon peut le séparer des voisins.
Prétraitement
Avant même d'implanter le filtre, un système de prétraitement
des eaux usées doit être prévu. Celui-ci se
compose d'un dégrillage, déshuilage et éventuellement
d'un filtre à sable ou à paille.
Le dégrillage consiste à retenir tous les gros déchets,
déchets insolubles tels que les branches, les plastiques,
les feuillages... Le système comprend une série
de grilles, espacées d'environ 50 mm avec les mailles de
plus en plus serrées.. Dès que les grilles sont
encombrées par les déchets, un racleur (ou simplement
un râteau) monte le long des grilles et les retire, ces
déchets peuvent être triés puis compostés
ou envoyés en décharge.
Le déshuilage par écumage des graisses, élimine
les huiles par un principe de la flottation. Son principe est
basé sur l'injection de fines bulles d'air dans le bassin
de déshuilage, permettant de faire remonter rapidement
les graisses en surface (les graisses sont hydrophobes). Leur
élimination se fait aussi par raclage et pompage de la
surface. Ce système est obligatoire en sortie des cuisines,
ou bien pour traiter les eaux de pluies ayant ruisselé
sur les parkings ou la voirie. Les graisses retirées peuvent
être recyclées en biocarburant par exemple
Du sable ou de la paille peuvent enfin être utilisé
pour retenir des particules plus fines à travers les grains
anguleux du sable ou des fibres de la paille. Cette litière
doit être renouvelée régulièrement,
elle peut être compostée.
Les composants du
filtre
Une fois ce traitement primaire terminé, les eaux usées
sont acheminées vers le filtre planté. Celui-ci
est constitué d'un bassin artificiel rempli d'eau, de substrat
et de plantes vasculaires. Ces composants sont des apports artificiels,
les autres éléments importants, telles que les communautés
de micro-organismes et d'invertébrés aquatiques,
se développent naturellement.
Les zones humides naturelles apparaissent là où
la topographie forme un bassin et où une sous-couche relativement
imperméable empêche l'eau de surface de s'infiltre
dans le sol. Ces conditions doivent être recréés
pour la construction d'un filtre. Il peut être construit
presque partout dans le paysage en terrassant le site pour recueillir
les eaux de surface et en imperméabilisant le bassin pour
conserver l'eau.
Les substrats utilisés pour construire un filtre
sont constitués de terre, de sable, de gravier, de pierres,
et de matières organiques telles que du compost. Leur perméabilité
affecte la circulation de l'eau ainsi, ils retiennent les sédiments
et les déchets qu'elle transporte. Non seulement ils servent
de support à la végétation, mais deviennent
aussi le support d'un grand nombre d'organismes vivants, et le
lieu de nombreuses transformations chimiques et biologiques (en
particulier bactériennes) formant une source de carbone
et d'énergie pour l'activité biologique ; enfin
ces substrats assurent le stockage de nombreux contaminants.
Les caractéristiques physiques et chimiques des sols sont
modifiées lorsqu'ils sont inondés. Dans un substrat
saturé, l'eau remplace l'air dans les cavités poreuses
et les micro-organismes consomment rapidement le reste d'oxygène
disponible. Le substrat devient alors anaérobique (sans
air). Cette propriété est importante dans l'élimination
des polluants tels que l'azote et les métaux.
De nombreuses terres
sont appropriées pour les filtres plantés. Si le
filtre utilise la terre extraite localement, il est important
de connaître ses caractéristiques, elle devra être
analysée avant d'être utilisée, on devra connaître
sa conductivité hydraulique, sa perméabilité,
sa teneur en argile et le type d'argile, son pourcentage de matières
organiques et minérales. La capacité d'échange
cationique, le pH, la conductivité électrique, la
texture et la matière organique sont aussi des paramètres
importants :
Le pH du sol affecte la disponibilité et la rétention
des métaux lourds et des substances nutritives, il devrait
être entre 6,5 et 8,5.
La conductivité électrique d'un sol affecte la capacité
des plantes et des micro-organismes à traiter les déchets.
Les sols avec une conductivité inférieure à
4 mMho /cm est plus adapté à la croissance.
Les particules de surface et leurs charges électriques
ont une participation majeure dans l'activité du sol. La
plupart des sols sont chargés négativement, ce qui
permet des liaisons et des échanges électrostatiques
avec les ions chargés positivement (cations), tels que
Ca2 +, Mg2 +, Fe2 +, A1 3 + et Mn2, ainsi la capacité d'échange
cationique mesure la capacité du sol à tenir ces
ions de charge positive et donc des sédiments. Cette capacité
d'échange varie largement entre les différents sols,
plus les sols sont sableux et plus leur capacité d'échange
est faible, au contraire plus ils sont argileux et plus la capacité
d'échange est forte celle du sol du filtre devra être
supérieure à 15mq/100g de sol.
Le potentiel d'oxydoréduction du sol est un facteur important
dans l'élimination de l'azote et du phosphore.
Le sol doit fournir suffisamment de matières organiques
pour alimenter la croissance des plantes et l'activité
des microorganismes, en particulier pendant la phase de démarrage.
Les filtres plantés sont souvent construits sur des sites
aux sols infertiles, et des amendements organiques, tels que le
compost, les feuilles mortes, ou de boues d'épuration,
peut être intégrée dans le support de départ.
La capacité du sol à retenir les contaminants varie
en fonction de sa texture, de sa granulométrie et de son
rapport avec l'eau :
Les sols sableux, graveleux, ou volcanique (comme le pouzzolane)
à texture grossière, ont une porosité élevée
(l'eau se déplace rapidement à travers ce sol),
ils possèdent donc un faible potentiel de rétention
de polluants, mais peu ou pas de contraintes sur la croissance
des racines. Ces sols tiennent bien, mais apportent peu d'éléments
nutritifs aux plantes. Les ajouts de matières organiques
pour les sols à texture grossière améliorent
la survie de la plante et la croissance au cours des premières
années, avant que les déchets organiques s'emmagasinent
au sein de la zone humide. Ces sols ayant un drainage rapide,
ils peuvent avoir besoin d'être irrigués pour maintenir
les niveaux d'eau suffisant à la végétation.
Les sols de texture moyenne ou les sols limoneux sont un bon choix,
les textures fines de limon permettent plus de contact de l'eau,
ils ont une bonne rétention des polluants et peu de restrictions
sur la croissance des plantes, tendres et friables, ils laissent
les racines et rhizomes pénétrer facilement.
Les sols organiques denses, tels que les argiles et schistes,
doivent être évités. Le débit d'eau
à travers ces sols est lent et leur texture dense empêche
la pénétration des racines, enfin leur faible teneur
en éléments nutritifs limite la croissance et le
développement.
Notons aussi que les sols riches en aluminium, ainsi que les sols
argileux disposent d'un potentiel d'assimilation plus fort pour
le phosphore que les sols organiques, ce qui les rend bien adaptées
pour le traitement des eaux usées domestiques.
Bien que les tourbes soient fréquentes dans les zones humides
naturelles, elles ne sont pas adaptées à la construction
de filtre planté. Elles dégagent des acides organiques,
qui affaiblie son pH, et lorsqu'elles sont inondées, les
tourbes ont structure tendre inadéquate pour maintenir
les plantes.
Les matières organiques stabilisées, tels que le
compost de champignons, la sciure de bois, de foin ou de paille,
et la litière de poulet, sont parfois utilisés comme
substrats organiques, ou comme complément. Cette matière
organique est une source de carbone pour soutenir l'activité
microbienne. Ces matières organiques consomment également
de l'oxygène et créent des environnements anoxiques
nécessaires pour certains procédés de traitement,
tels que la réduction des nitrates et la neutralisation
des drainages miniers acides.
La végétation,
les plantes macrophytes vasculaires (plantes supérieures)
et non-vasculaires (algues) jouent un rôle important. La
photosynthèse produite par les algues augmente la teneur
en oxygène de l'eau qui affecte à leur tour les
éléments nutritifs et les réactions. Les
plantes vasculaires contribuent au traitement des eaux usées
par un certain nombre de moyens: elles stabilisent les substrats
et limitent la vitesse des flux d'eau, ce qui permet à
la matière en suspension, le carbone, les éléments
nutritifs et les oligo-éléments d'intégrer
les tissus végétaux. Elles ventilent le substrat
en apportant de l'air entre leur tige et les racines, celles-ci
sont des points de fixation pour les micro-organismes. Enfin elles
produisent de l'humus au moment de leur décomposition.
Les filtres sont généralement plantés de
végétations émergentes non-ligneuses (plantes
qui poussent avec leurs racines dans le substrat et leurs tiges
et les feuilles qui sortent de l'eau de surface). Les plantes
communément utilisées comprennent la scirpe, le
roseaux, la quenouille
L'utilisation d'au moins 2 ou 3 espèces
végétales et une couverture végétale
complète de l'espace sont deux facteurs très important
pour la stabilité de l'ensemble. Une liste détaillée
de "plantes filtrantes" est disponible sur la page
végétation.
Le fonctionnement des
filtres plantés est largement régulé par
les micro-organismes: bactéries, levures, champignons,
protozoaires, algues.... Cette biomasse et son métabolisme
"digère" le carbone organique et les éléments
nutritifs. Son activité décompose et transforme
une grande partie des substances organiques et microbiennes en
éléments inorganiques, minérales et inoffensifs
ou en substances insolubles. Certaines transformations se font
en aérobie (ont besoin d'oxygène), tandis que d'autres
sont anaérobies (sans oxygène). De nombreuses espèces
de bactéries sont capables de fonctionner à la fois
aérobie et anaérobie en réponse à
l'évolution des conditions environnementales. L'eau des
zones humides sature le substrat et créé des conditions
anaérobiques, seulement les décompositions bactériennes
en anaérobie produisent entre autre des sulfures d'hydrogène,
de l'acide butyrique, de l'ammoniac, de l'acide acétique
responsable de nuisances olfactives. En aérobie, les bactéries
ne produisent pas de mauvaises odeurs, leur décomposition
est saine et limite le développement de pathogène.
L'un des rôles de la végétation des zones
humides est de percer le substrat pour apporter de l'oxygène
nécessaire aux bactéries aérobies. Avec ou
sans air, les populations de micro-organismes s'adaptent aux changements
des eaux qu'elles doivent traiter. Elles peuvent se développer
rapidement en cas d'apports énergétiques importants
ou au contraire en l'absence de nutriment, demeurer en veille
pendant des années. La communauté de micro-organismes
d'un filtre planté peut être affectée par
des substances toxiques comme les pesticides et les métaux
lourds et l'on doit prévenir l'introduction de tels produits
chimiques à des concentrations dommageables.
De même le filtre constituent l'habitat d'une riche diversité
d'invertébrés (insectes, vers
) et de vertébrés
(amphibiens, tortues, oiseaux et mammifères
). En
symbiose avec l'activité du filtre, ils remplissent un
certain nombre de rôles écologiques. Les invertébrés
contribuent au processus de traitement des déchets par
fragmentation et consommation de matières organiques. Les
larves de nombreux insectes sont aquatiques et consomment des
quantités importantes de substances au cours de leur croissance.
Les zones humides sont aussi l'habitat d'insectes plus désagréables
comme les moustiques, ainsi on doit prévoir des moyens
pour défavoriser leur développement, comme en évitant
l'eau stagnante (habitat et lieu de reproduction) et en maintenant
un flux d'eau continu, en limitant l'ombrage de la surface de
l'eau et la dispersion des tapis flottants de lentilles ou d'autres
plantes flottantes. Passereau, hirondelles, et chauves-souris
se nourrissent aussi de milliers de moustiques adultes tous les
jours, il est donc possible de leur créer des conditions
propices, des habitats, des perchoirs, des mangeoires pour réduire
le nombre de moustiques. Certains poissons (Gambusie, Crapet-soleil)
peuvent être mises en place comme prédateur des larves
de moustiques, certains insectes aussi comme la libellule et certaines
mouches
Les oiseaux de marais et de rivières (canards, colverts,
sarcelle, poules d'eau, hérons, merles, hirondelles
)
aiment également se nicher dans les zones humides.
Contrairement aux systèmes d'épuration classique,
les filtres plantés participent à la biodiversité
du site, ils apportent aussi des avantages esthétiques
et paysagés. Visuellement, ces zones humides sont particulièrement
riches et contribue à la diversité du paysage, par
la complexité et la variété de formes, de
couleur, de taille des plantes, et de leur implantation par rapport
à la topographie.
Hydrologie et dimensionnement
du filtre
L'hydrologie d'un filtre planté est peut-être le
paramètre le plus important, il est souvent le principal
facteur de succès ou d'échec du filtre. Un simple
changement dans l'hydrologie peut avoir des effets assez importants
sur ce type de filtre et son efficacité de traitement.
La conception des systèmes conventionnels est généralement
basée sur le temps de résidence hydraulique (et
donc du volume d'eau), ainsi que le taux de chargement. Les filtres
plantés dépendent d'un certain nombre de facteurs
et d'apports énergétiques extérieures (soleil,
pluie, propagules, atmosphères), ainsi que de la végétation,
et de la biomasse des micro-organismes liés à ces
plantes et aux sédiments. Le facteur hydrologique dans
la conception du filtre se rapporte au volume d'eau, sa régularité,
ses limites, et son mouvement à travers le filtre. Les
questions de l'hydrologie concernent le climat et la météorologie,
la période humide, le temps de séjour hydraulique,
le taux de charge hydraulique, les échanges avec les eaux
souterraines (infiltration et exfiltration), les pertes dans l'atmosphère
(l'évapotranspiration) et, dans l'ensemble le bilan hydrologique.
Les filtres plantés constituant de minces surfaces d'eau
largement ouvertes à l'air libre, ils sont fortement influencés
par le climat et la météo. Les précipitations,
la fonte des neiges, le ruissellement printanier, la sécheresse,
gel, et la température peuvent les affecter. Le flux élevé
causé par de fortes pluies et la fonte des neiges rapide
raccourcit les temps de séjour, augmentant les vitesses
d'écoulement et raccourcissant des temps de contact. L'efficacité
d'une zone humide peut donc diminuer au cours de ces périodes.
Un fort débit d'eau peut diluer certains polluants dissous,
tout en augmentant la quantité de matières en suspension
dans le filtre, les premières eaux de ruissellement des
tempêtes estivales entraînent plus de sédiments
et de dépôts concentrés en pollution. De même
la fonte des neiges et le ruissellement printanier transportent
plus de la moitié des nitrates et de phosphore exporté
au cours de l'année.
Ainsi il est important de consulter les données météorologiques
et les relevés climatiques indiquant les périodes
humides, la répartition saisonnière des niveaux
d'eau, la fréquence et l'ampleur des précipitations
et des inondations. Ces mesures doivent être prises en compte
pour le dimensionnement et la gestion du filtre.
En hivers, les zones humides continuent à assainir l'eau
par temps froid, seulement les températures minimales limitent
la capacité des zones humides pour traiter certains polluant,
le gel en hiver et au début du printemps peut réduire
de traitement. Les procédés physiques, comme la
sédimentation continue indépendamment de la température,
à condition que l'eau ne gèle pas. La plupart des
réactions ont lieu au sein du substrat, où la décomposition
et l'activité micro-bactérienne génèrent
assez de chaleur pour maintenir les sous-couches hors gel. Le
traitement de l'eau se poursuit sous la glace.
Le mouvement de l'eau entre le filtre et les eaux souterraines
peut avoir des incidences importantes sur l'hydrologie, cependant,
les filtres sont généralement étanches pour
éviter la contamination possible des eaux souterraines.
Si le filtre est bien imperméable, l'infiltration peut
être considérée comme négligeable.
L'évapotranspiration est l'ensemble des pertes d'eau par
la transpiration des plantes et l'évaporation de l'eau
de surface. Les surfaces des zones humides étant importante
par rapport au volume d'eau, l'évapotranspiration est un
facteur important. En outre, de nombreuses plantes de zones humides
ne conservent pas l'eau par temps chaud et sec comme la plupart
des plantes terrestres et envoient des quantités considérables
d'eau dans l'atmosphère.
L'adéquation des flux en été aura une incidence
sur les niveaux d'eau dans les filtres et le montant des effluents
des zones humides disponibles pour le recyclage (si cela fait
partie de la conception). Si les pertes dépassent les débits
d'arrivée d'eau, un apport hydraulique supplémentaire
sera nécessaire pour maintenir le filtre humide et à
éviter la concentration des polluants à des niveaux
toxiques. On a constaté que les peuplements denses de plantes
aquatiques émergentes réduit le total de la perte
d'eau des prairies, ainsi la végétation élimine
moins d'eau par transpiration que l'évaporation des eaux
de surface. Ainsi, la densité de végétation
a une incidence forte sur l'hydrologie, car d'une part, elle ralentie
les flux d'eau qui trouve leurs cours sinueux à travers
le réseau des tiges, feuilles, racines et rhizomes et,
d'autre part, elle bloque l'exposition au vent et au soleil.
Le temps de séjour
hydraulique d'un traitement est la durée moyenne de résidence
de l'eau dans le filtre, exprimé en volume moyen divisé
par le taux moyen des sorties. Si un court-circuit apparaît,
ce temps de résidence efficace peut différer sensiblement
des temps de séjour calculé.
Le taux de charge hydraulique
se réfère au chargement sur un volume d'eau par
unité de surface. [chargement = (paramètre de concentration)
(volume d'eau / surface)].
L'équilibre hydraulique
d'un filtre planté prend en compte le débit entrant,
le stockage et le débit sortant. L'apport d'eau inclut
les eaux de surface (eaux usées ou pluviales), l'infiltration
des eaux souterraines (pour les filtres non étanche), et
les précipitations: Le stockage comprend l'eau de surface
plus les cavités poreuses du substrat. Le débit
sortant comprend l'évaporation à la surface de l'eau,
la transpiration par les plantes, les rejets d'effluents, et exfiltration
des eaux souterraines. Lors de la conception et le fonctionnement,
l'équilibre du filtre est important pour déterminer
la conformité aux limites souhaitées pour le temps
de séjour hydraulique, le taux de charge hydraulique, et
les bilans massiques. Une simple équation de bilan hydrique
est exprimé sous la forme:
V= Q + P + I - O - E T
Où: V = Volume d'eau
Q = débit entrant des eaux usées et/ou des eaux
pluviales,
P = contribution des précipitations
I = infiltration net (infiltration moins exfiltration)
O = débit sortant
ET = perte due à l'évapotranspiration.
L'équation peut être utilisée pour calculer
l'équilibre de l'eau de manières quotidiennes, mensuelles,
annuelles ou intermédiaires. Des bilans hydriques détaillés
peuvent être préparés pour un site particulier
avec les données recueillies lors de la préparation
du projet. Si de grandes variations saisonnières sont prévues,
les données mensuelles sont essentielles.
Un certain nombre de
facteurs peuvent être ajustés au cours du fonctionnement:
- le débit d'eau sortant peut varier
- le taux d'évapotranspiration peut être modifié
par l'ombrage, les brise-vent, la sélection et la gestion
de la végétation autour des zones humides
- la capacité de stockage peut être ajusté
avec le contrôle de l'eau des filtres à flux de surfaces,
la capacité de stockage peut être augmentée
par des travaux d'excavation profonde ou diminué par l'ajout
de remblais.
Le dimensionnement du
filtre dépend aussi des caractéristiques et de la
qualité de l'eau à traiter, son taux de pollution
et sa quantité. Une analyse préalable devra déterminer
son pH, son alcalinité, ses demandes biochimiques en oxygène
sur 5 jours (DBO5), ses solides en suspension, ses solides dissous,
son taux d'oxygène dissous, son taux de dioxyde d'azote
(Nitrite), de nitrate et d'azote (NO2+NO3-N), de phosphore, de
métaux lourds (plomb, mercure, chrome, zinc), d'organismes
réfractaires et de bactérie coliforme
Le volume d'eau à
traiter doit être connu sur des périodes journalières,
mensuels, saisonnières.
Le dimensionnement dépend essentiellement des demandes
biochimiques en oxygène sur 5 jours (DBO5) en mg/L, qui
correspond à la quantité d'oxygène nécessaire
pour oxyder les matières organiques (biodégradables)
par voie biologique (oxydation des matières organiques
biodégradables par des bactéries). Elle permet d'évaluer
la fraction biodégradable de la charge polluante carbonée
des eaux usées. Elle est en général calculée
au bout de 5 jours à 20°C et dans le noir. Cette demande
se réduit dans le filtre par l'activité bactérienne
(aerobique et anaérobique) et par sédimentation.
Le calcul détaillé qui permet de dimensionner le
filtre pour le traitement des DOB5 dépend de nombreux paramètres
comme les taux de chargement, la pression hydraulique, la température,
la porosité du substrat
On considère usuellement que le taux de chargement en BOD5
ne doit pas dépasser 10g/m²/jour pour les filtres
en surface (lagune)
D'une manière générale on peut considérer
qu'une personne rejette en moyenne 100 à 150litre d'eau
usée par jour, ceux-ci peuvent être au minimum par
traité par :
- 2 à 5m² de filtre en flux de surface (lagune) d'une
profondeur de 7 à 20cm d'eau avec un niveau extrême
de 50cm
- 1,5 à 3m² de filtre en flux souterrain (percolateur)
d'une profondeur de 30 à 60cm d'eau avec un niveau extrême
de 1m
Pour le traitement des nitrates et de l'ammoniac, on peut prévoir
en fin de parcours des bassins plus profonds (60cm à 1m)
et plus ouvert, ceux-ci augmentent la nitrification et la dénitrification
Configuration du filtre
Le mode de traitement et les exigences du site déterminent
la configuration précise du filtre, son dimensionnement,
sa complexité et son niveau de détail.
La construction comprend la création de la voie d'accès;
la construction des digues et des bassins; les canalisations et
les vannes et enfin les plantations.
Le fonctionnement hydraulique
des systèmes de filtre peut être fortement pénalisé
par une mauvaise construction, et les courts-circuits des flux
qui en résultent.
Les filtres plantés sont constitués de bassins,
ceux-ci peuvent être excavés dans un terrain ou bien
utilisé des bassins naturels ou encore se créer
entre des remblais de terre (digues), ou par une combinaison des
trois. Si de nombreuses configurations sont possibles ( compartimentage,
entrée et sortie unique ou multiples
) elles doivent
être basées sur le site. La forme optimale des bassins
utilise un ratio longueur largeur de 3 sur 1 ou bien 4 sur 1.
Il faut bien sûr se servir des pentes naturelles du terrain
pour tirer au maximum partie du système gravitaire, ainsi
une pente minimale de 0.5% jusqu'à 1% pour les filtre en
flux de surface et un fond de bassin horizontale pour les cellules
des filtre flux sous-terrain doivent être prévu.
Il est possible de multiplier les bassins en les compartimentant
par des digues intermédiaires, cela permet d'isoler ces
cellules pour leur maintenance ou bien l'isoler d'un pathogène
ou encore pour alterner et permettre du repos aux plantes. Cela
permet aussi d'augmenter la longueur de parcours en plusieurs
boucles et de diminuer les courts-circuits. Le fonctionnement
des cellules en alternances (tous les mois par exemple) permet
de minimiser le colmatage du filtre en ménageant des phases
de repos permettant la minéralisation des matières
organiques.
Les parois doivent être compacts et stable et être
suffisamment élevés pour contenir les volumes d'eau
les plus importants, ainsi que l'accumulation progressive des
déchets et des sédiments. Un déversoir d'urgence
peut être mis en place en cas de crus.
Les filtres plantés devraient être conçus
et construits de manière fiable et sûre. Il est important
de recourir à un entrepreneur qualifié, les niveaux
altimétriques doivent être exactes afin d'assurer
les régimes hydrauliques, et le compactage et l'étanchéité
doivent être de bonne qualité pour contrôler
l'infiltration et exfiltration et assurer la stabilité
des talus.
Les bassins doivent être imperméables pour éviter
tout risque de contamination des eaux souterraines et empêcher
l'infiltration d'eaux souterraines. Lorsque le bassin est constitué
de sols argileux, un simple compactage peut suffire pour étancher
le filtre. Les terrains rocheux, caillouteux ou sableux devront
être imperméabilisés par une autre méthode.
Après un compactage, la bentonite, ainsi que d'autres d'argile,
peut être utilisé, tout comme les revêtements
synthétiques comprenant de l'asphalte, du caoutchouc synthétique,
ou encore des géomembrane et géotextile antipoinçonnant
en polyéthylène haute densité. Le revêtement
doit être solide, épais, lisse et pour empêcher
la saisie ou la pénétration des racines. Enfin le
bassin étanché est recouvert du substrat, 10 à
15cm en lagunage, 30 à 60 cm en flux souterrains.
Le fonctionnement du filtre souterrain dépend de haute
conductivité hydraulique de ce substrat et des dispositions
spéciales doivent être prises pour éviter
son compactage, son érosion et/ou son orniérage
durant la construction et le fonctionnement ; la circulation au-dessus
du filtre devra être limité voir interdite.
Les niveaux d'eau sont ajustés par des systèmes
de contrôle de flux. Ceux-ci doivent être simples
et faciles à régler. Ils devraient permettre une
certaine souplesse pouvoir être optimisés
Les entrées multiples du filtre doivent être indépendamment
réglables pour assurer une répartition uniforme
de l'écoulement. L'ouvrage doit être dimensionné
pour traiter les flux maximaux et devra proposer un parcours simple
pour réduire au minimum les fuites et les cours circuits.
L'utilisation du bon type et du bon dimensionnement des équipements
est important pour un rapport coût-efficacité optimum,
parfois de simples tuyaux en polyéthylène peuvent
suffire.
Les points fragiles (digues, canalisations, jauges et dispositifs
de surveillance) seront protégés contre les dégradations
animales par un simple grillage ou une structure rigide. Les rats
musqués, les castors, les ragondins déterrent les
digues ou endommagent les canalisations. Le coût initial
de ce type de protection est négligeable par rapport au
possible remplacement ou réparation du système.
Les arrivés d'eau peuvent se composer d'un simple demi-tuyau
(type gouttière), canal ou tuyau fermé qui libère
l'eau dans le filtre. Le plus important est l'égalité
de la distribution du flux ainsi une sous-distribution est possible
à travers le bassin. L'ensemble doit être accessible
facilement et réglable, de simples boites de répartition
peuvent servir. Les points d'entrées multiples et les sous-distributions
permettent d'éviter le colmatage du système par
l'accumulation d'algues et de limons, elles permettent une meilleure
distribution des matières organiques à traiter et
évite aussi les reflux, ce type de distribution réglable
est recommandé pour sa flexibilité maximale pour
les futurs ajustements et l'entretien. La distance au-dessus de
la surface de l'eau est généralement de 30 à
60 cm. L'utilisation de gros galets( diam : 8 - 16 cm) dans la
zone d'arrivée assure un flux rapide et empêche le
colmatage et la croissance des algues. Un régulateur de
débit répartiteur sera nécessaire pour les
cellules parallèles. Il se compose généralement
d'un tuyau percé d'orifices de taille égale.
Les évacuations d'eau pour les filtres en flux de surface
(lagunage
), contrôle le niveau d'eau, il peut être
constitué par un barrage avec trop plein ou un barrage
à hauteur réglable permettant au niveau d'eau d'être
facilement ajustées. Les trop-plein sont simples à
construire, mais ne sont pas réglables et un mauvais niveaux
d'eau peuvent conduire à l'échec du filtre. Les
barrages et les trop-pleins doivent être conçus de
manière à dépasser le débit maximum
estimé.
Pour les filtres en flux souterrain, des évacuations souterraines
multiples sont à prévoir comme des siphons, des
drains rigides ou des tuyaux collecteurs avec de multiples perforations
situés au fond du bassin et qui contrôle le niveau
d'eau. L'utilisation d'une sortie réglable est recommandé
pour maintenir un gradient hydraulique adéquat dans le
lit, et peut également avoir des avantages significatifs
dans l'exploitation et l'entretien des zones humides. Si la surface
est inondée, cela encourage le développement de
la végétation nouvellement plantés et exclus
les mauvaises herbes indésirables, au contraire, le niveau
d'eau peut être abaissé en prévision des grandes
tempêtes, ou bien pour protéger du gel en hiver.
L'évacuation des filtres en flux souterrain doit permettre
des inondations d'environ 15 cm au-dessus de la surface pour favoriser
la croissance des plantes et à lutter contre les mauvaises
herbes. Enfin, le rejet terminal du filtre devra être placé
à une bonne hauteur des eaux réceptrices, pour éviter
un reflux après un orage.
Avant la réception
du filtre, celui-ci devra être inondé et tous les
éléments, tels que les pompes à eau et les
structures de contrôle, devrait être testé
rigoureusement afin d'assurer qu'ils fonctionnent correctement
et vérifier que les niveaux d'eau et le débit des
distributions aux attentes. Au cours de l'opération initiale,
toutes les parties friables susceptibles d'érosion doivent
être éliminé par le ratissage et le nettoyage
des supports à la main.
Le démarrage d'un nouveau système d'un filtre est
un moment critique. Le système de démarrage comprend
le remplissage, les plantations et une période dans laquelle
le sol / substrats, des plantes et des micro-organismes s'adaptent
aux conditions hydrologiques. Comme tous les systèmes vivants,
les filtres plantés sont mieux en mesure de tolérer
le changement s'ils reçoivent une période de stabilisation
préalable. Après la période initiale de stabilisation,
une augmentation progressive du débit des eaux usées
peut permettre au système de s'adapter à la nouvelle
composition chimique de l'eau.
Entretien et maintenance
La question des risques se pose du fait que, sur le plan écologique,
comme en chimie, rien ne se perd, tout se transforme. Les filtres
plantés sont capables de dégrader, de transformer
ou d'assimiler un grand nombre de contaminants, tels que l'azote,
et absorbe de nombreux matériaux. Les matériaux
persistants, tels que le phosphore et les métaux sont les
seuls polluants conservés dans le filtre, et peuvent devenir
problématique, la capacité du substrat pour enlever
et stocker les polluants peut diminuer avec le temps, si l'accumulation
de ces substances n'est pas surveillée et entretenue.
Tous les écosystèmes évoluent au fil du temps.
Les zones humides pour le traitement des eaux usées changent
plus rapidement que la plupart des zones humides naturelles en
raison de l'accumulation rapide de nutriments, les déchets
et les polluants. En général, la diversité
des espèces augmente à mesure que les écosystèmes
deviennent matures. La diversité des espèces dans
un habitat, comme une terre humide est souvent considérée
comme une mesure de la résilience des écosystèmes
(la capacité du système à accepter de perturbation).
Ainsi le nombre d'espèces augmente, de même la complexité
des interactions des différentes espèces entre elles
et avec leur environnement évoluent. Plus le nombre d'interactions
est grand et, plus le système est résistant dans
son ensemble et l'ensemble de sa capacité à s'adapter
au changement.
Tout écosystème naturel ou construit, a des limites
de capacité à accepter les perturbations. Les performances
des systèmes de filtre planté peuvent changer au
fil du temps comme une conséquence des modifications dans
le substrat et l'accumulation de polluants dans les zones humides.
L'eau rejetée doit être surveillée et analysée
régulièrement afin de prendre les mesures correctives
nécessaires.
Un filtre planté de traitement des eaux usées peut
avoir une durée de vie limitée qui sera déterminée
par la charge d'eaux usées, la capacité du filtre
pour extraire et stocker des contaminants, et l'accumulation de
l'humus. Un certain nombre de systèmes ont fonctionné
pendant plus de 20 ans avec peu de perte d'efficacité.
Si nécessaire, le substrat du filtre, l'humus et les plantations
peuvent être renouvelé périodiquement (tous
les 15 ans par exemple) et les boues évacuées, une
fois déshydratées peuvent servir d'engrais agricoles.
Pour être performant les filtres plantés doivent
être gérées et inspecté au minimum
tous les mois et après chaque tempête, en particulier
sur les performances de traitement, et le maintien d'un environnement
sain pour les micro-organismes et pour la croissance de la végétation.
On observera les conditions générales du site pour
détecter les changements négatifs importants comme
l'obstruction des flux, les niveaux d'eau inadéquats, l'érosion
et la croissance de la végétation indésirable.
L'eau stagnante diminue le traitement et augmente la probabilité
de présence de moustiques. La végétation
doit être surveillée pour évaluer la santé
et l'abondance des plantes.
Une notice de fonctionnement et un plan d'entretien doivent être
préparés au cours de la conception du système.
Le plan devrait fournir un calendrier pour le nettoyage des systèmes
de distribution, le débroussaillage, l'inspection et la
surveillance du système, l'analyse de l'eau
. Il
indiquera également les niveaux d'eau extrêmes, les
volumes d'entrées et de sorties et la qualité de
l'eau aux sorties (les teneurs en DBO, azote, phosphore, solides
en suspension, métaux lourds, bactéries), la provenance
et la destination ou le recyclage des flux, ainsi que la rotation
entre les cellules
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