Les
peintures écologiques
20.06.2008 22:12
Je ne tiens pas à
faire un cours de chimie en parlant de peinture
Peindre
est somme toute une tâche assez bénigne, et au-delà
du plaisir de la barbouille, aucun risque de se couper un doigt
ou bien de s'électrocuter
pourtant cette substance
semble bien comporter certains risques, son odeur enivrante ne
transporte-t-elle pas quelques toxicités, diverses émissions
nocives et dangereuses pour l'environnement? Une
peinture idéale utiliserait des ingrédients naturels
renouvelables, biodégradables, écologiques, non
toxiques et sans émission de COV. Leur fabrication consommerait
peu d'énergie, n'émettrait pas de polluant et produirait
peu de déchets. Le rinçage des pinceaux ne polluerait
pas l'eau et bien sûr, elle serait de meilleure qualité
qu'une peinture "classique" avec une longue durée
de vie et de vieillissement durable.
Malheureusement cette peinture idéale n'est qu'un rêve
qui intègre mal sa complexité. Une peinture peut
contenir plus de 30 composantes et il est donc difficile voir
impossible de connaître parfaitement leurs conséquences.
Si nous connaissons tous les danger des peintures au plomb
(interdites depuis plus de 50 ans), les peintures dites "naturelles"
demeurent encore méconnues et semblent être sujettes
à polémique.
Il convient avant tout de se demander si une couche de peinture
est absolument nécessaire. Si la réponse est oui,
voyons dans un premier temps l'ensemble des différents
types de peinture et leurs risques potentiels pour comprendre
ensuite peinture choisir et comment bien les mettre en uvres
?
Mais tout d'abord de quoi se compose une peinture?
Les liants ou les résines
sont les principaux composés d'une peinture, ils favorisent
la cohésion des différents constituants et l'adhérence
sur le support sur lesquels ils constituent un film lorsqu'ils
durcissent et acquièrent une certaine résistance.
La plupart des liants ne présentent pas de risques importants.
Les charges assurent la consistance, la résistance et l'opacité
de la peinture. D'origine minérale elles sont sans risque
lors de l'utilisation des peintures.
Les additifs apportent des propriétés spécifiques
(conservateurs, accélérateurs de séchage,
fongicides, siccatifs, épaississants, agents de dispersion,
...) parfois très toxique, ils ont cependant une concentration
réduite qui diminue les risques.
Les pigments de coloration sont, pour certain, irritant et allergisant
pour la peau et les voies respiratoires.
Enfin, les solvants véhiculent des différents composants
de la peinture, ils fluidifient le liant et s'évaporent
pendant la phase de séchage et sont ainsi émis dans
l'air ambiant.
Il s'agit soit de produits d'origine organique ou synthétique,
soit de l'eau pour les peintures en phase aqueuse
Si les
peintures glycérophtaliques, dites "peinture
à l'huile" ont un pouvoir couvrant supérieur
et sont même indispensables à la réalisation
de belles laques, elles sont certainement les moins recommandables
pour la santé. Elles contiennent des liants alkydes, vinyls,
acryliques, des solvants organiques souvent issus d'hydrocarbures
(toluènes, xylènes, éthylbenzènes,..),
alcools, cétones, des pigments, pour certains, à
base de métaux lourds: plomb,
zinc, cadmium,...
en bref un bon mélange toxiques pour l'environnement et
pour la santé. De part cette composition, elles émettent
en effet une quantité non négligeable d'aldéhydes,
d'acides organiques et autres composés organiques volatiles
pouvant provoquer fatigue, gènes olfactives maux de tête,
irritation des muqueuses et de la peau (voir formaldéhyde
et COV
dans la liste des polluants atmosphériques page
'air'). Certains solvants volatils présentent également
des risques de cancer et une exposition prolongée et répétée
peut entraîner des troubles neurologiques, vertiges, maux
de tête, nausées pouvant aller jusqu'au coma et à
l'atteinte du système nerveux centrale.
Les
peintures en phase aqueuse, dite "peinture à
l'eau" ou acrylique, ne sont pas moins nocives pour la santé,
malgré leur aspect inoffensif car "à l'eau"
sans solvant et sans odeur. Elles produisent également
une émission importante de composés organiques volatiles.
Certaines de ces peintures sont sensibles au développement
de bactéries ou de moisissures et donc contiennent des
biocides,
désinfectants, fongicides, formaldéhydes,
pentachlorophénols
et autres substances allergisantes
Elles contiennent aussi des éthers de glycol ayant la propriété
d'être à la fois solubles dans l'huile et dans l'eau.
Certains éthers de glycol sont fortement toxiques et sont
particulièrement dangereux pour la reproduction, le développement
du foetus et pour le sang.
Les émissions de ces substances sont très importantes
durant le séchage de la peinture et en particulier durant
les 3 premiers jours et persistent pendant plusieurs mois après
l'application de la peinture. Ces COV peuvent
également se fixer sur certains matériaux ( moquette,
tissus )
Il est bon d'éviter aussi les contacts avec la peinture
en raison de la pénétration cutanée des éthers
de glycol.
Les appellations "peinture
naturelle", "peinture bio" ou "peinture écologique"
ne correspondent à aucune définition officielle
et aucune réglementation, et peuvent donc n'être
qu'une stratégie marketing.
Les marques de peinture dites "naturelles" communiquent
de manière assez complète sur leur composition,
elles utilisent généralement des composantes d'origine
naturelle et non synthétique et leur fabrication est certainement
moins nocive pour l'environnement, mais certaines marques au contraire
camouflent les composante dérivé du pétrole
sous les termes d'essence minérale, d'isoparaffine, d'iso-aliphatique,
ou bien dissimule par "à base de soja ou d'huile de
lin", des akydes modifiés par les acides gras insaturés
de ces huiles, et ces peintures présentent finalement les
mêmes risques pour la santé que les premières.
Pour les autres, les peintures réellement naturelles et
biodégradables utilisent des matières premières
issues directement de la nature et transformées le moins
possibles comme des résines naturelles de conifères
ou de bouleaux, aux essences d'agrumes ou de térébenthine,
huile de lin, chaux, silicates, avec l'eau pour solvant, pigments
végétaux
et autres peintures à la caséine,
à base de protéines du lait, de cire d'abeille,
peintures à la colle de peau de lapin
Si elles ont moins d'impact sur l'environnement, elles conservent
des risques pour la santé et peuvent produire allergie,
eczémas et émettre COV et formaldéhydes comme
les premières.
Ce n'est pas le cas des
peintures minérales à la
chaux ( ou "lait de chaux " ), à l'argile et
aux silicate de potassium, qui sont essentiellement
minérales et n'utilisent aucun solvant, elles émettent
donc très peu, voir aucun composé organique volatile.
Les peintures à la chaux sont composées de chaux,
d'eau et de pigments naturels à base de terre, d'ocres
Elles sont parfois considérées comme des peintures
de mauvaise qualité, certaine sont peu résistantes
aux chocs, aux salissures et sont facilement friable
Cependant,
cette résistance peut être nettement améliorée
en y ajoutant de la caséine (protéine du lait),
de l'huile de lin ou du sable de quartz fin. Elles ont l'avantage
d'être bon marché, et peuvent même être
fabriqué maison.
Les peintures à l'argile sont constituées d'argile,
d'eau et de cellulose, elles possèdent un grand pouvoir
couvrant.
Les silicates sont des liants de synthèse obtenus en faisant
fondre du sable de quartz avec du carbonate de potassium. Ils
forment une couche de quartz très résistante et
durable.
Leur pH alcalin de ces peintures à le désavantage
de provoquer des irritations de la peau lors de l'application,
mais il est facile de s'en protéger. De plus cette propriété
alcaline permet par la suite de limiter la présence de
bactéries et de microorganismes. Leur perméabilité
apporte aussi une bonne régulation hygrothermique des murs.
A moins d'être
un talentueux chimiste apte à comprendre la composition
donnée sur les emballages, il reste difficile de distinguer
les "bonnes" des "mauvaises" peintures, sauf
si celles-ci soient labellisées.
Ainsi plusieurs labels ont mis en place une certification
de "peintures écologiques" : Greenguard,
Ecolabel Européen, NF Environnement, Blauer Engel (Ange
Bleu), Nordic Swan (Cygne Blanc)
Le rôle de ces labels est de garantir une certaine qualité
des produits sans pour autant garantir l'absence totale de produits
nocifs pour la santé et l'environnement. Il certifie la
réduction des impacts environnementaux tout au long du
cycle de vie du produit : depuis l'extraction des matières
premières à la fin de vie. Ils excluent de la composition
aussi certaines substances chimiques considérées
comme toxiques, cancérigènes, mutagènes et
dangereuses pour la reproduction, et limitent ainsi la présence
de métaux lourds (cadmium, le plomb, le chrome VI, le mercure
et l'arsenic) de plastifiants classés comme dangereux pour
l'environnement et de certains éthers de glycol
Les seuils de teneur en hydrocarbures et en concentration de composés
organiques volatils varient en fonction des labels ainsi l'écolabel
français NF Environnement est plus tolérant, il
limite la concentration de COV à 100g/l et jusqu'à
250g/l pour certaines peintures. Le label américain Greenguard,
la certification Leed ainsi que la réglementation californienne
plafonnent cette concentration à 50 g/l. L'écolabel
européen ainsi le label Nordic Swan (Cygne Blanc) limitent
la teneur en COV à 30g/l. Le label allemand, Blauer Engel
(Ange Bleu) est encore plus exigeant avec une teneur en COV limité
à 0,07% et une teneur maximale en formaldéhyde :
10mg/kg
Il faut noter aussi,
l'apparition de nouvelles peintures
garanties sans COV et sans solvant. Ces peintures appelées
alkydes en émulsion atteignent les performances des systèmes
à base de solvants et sont, avec les peintures minérales,
les peintures les moins nocives et constituent donc le meilleur
choix pour la santé. Ces peintures devraient remplacer
progressivement les peintures "acryliques".
Pour finir rappelons
quelques conseils basiques d'une mise
uvre saine et efficace de sa peinture.
Avant tout, il est indispensable de prendre connaissance du mode
d'emploi indiqué sur les emballages et de respecter ces
précautions d'usage.
Pour limiter sur la pollution de l'air intérieur, il faut
toujours peindre, poncer et décaper avec une bonne ventilation,
les fenêtres ouvertes même en hivers et même
si la peinture est sans odeur. Eviter aussi les aérosols
ou pistolet à peinture, préférez les pinceaux,
brosses et rouleaux
Ne pas oublier de se protéger, porter un masque de protection
respiratoire approprié, mettre des gants pour ne pas absorber
le produit par la peau.
Ne pas nettoyer les pinceaux dans l'évier pour ne pas polluer
les eaux usées, et évitez l'utilisation du White
Spirit, vérifier le mode de nettoyage sur l'étiquette
du produit. Utilisez un vieux récipient et conservez le
solvant dans un flacon bouché à apporter dans une
déchèterie. Le solvant ne doit jamais servir pour
se laver les mains.
Ne pas rester dans le local fraîchement peint pendant au
moins trois jours et ventiler ce local ( voir chantier
sur la page 'air')
Enfin limiter le plus possible la pollution de l'eau et les déchets
de peintures (pots contenant des résidus de peinture, de
vernis, de solvants et de décapants, chiffons, vieux pinceaux
et rouleaux imbibés de peinture et de solvants
)
Apporter tout cela dans une déchèterie.
Les peintures vendues en sacs sont préférables aux
pots car cela réduit la quantité de déchet,
de plus il faut noter que les déchets de peintures naturelles
sont en général moins toxiques pour l'environnement,
certaines sont même biodégradables et peuvent être
compostés.
Avant de prendre le rouleau, voici une liste
non exhaustive de marques de peintures naturelles dont il faudra
bien un jour faire une étude comparative : ( par ordre
alphabétique)
Agathos, Aglaïa, Aqua-Marin, Auro, Biofa, Bio-pin, Biostart,
Birdy Farben, Ecofa, Farben, Haga, Hesedorfer, Holzweg, Kreidezeit,
Leinos, Livos, Natura, Natural, Nature & Harmonie, Naturemas,
Prodirox, Saint Luc, Sax, Sehestedter, Volvox
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